Valérie Robin occupe le poste de directeur technique de Rexor, une PMI installée à Paladru en Isère. Depuis 2006, elle œuvre pour développer l’innovation au sein de son entreprise notamment en s’appuyant sur une participation active à différents réseaux. Analyse et retour d’expérience sur ce dispositif.
Par Valérie Robin, ingénieur textile et directeur technique de Rexor
« Seules nous sommes invisibles, ensemble nous sommes invincibles »
J’aime cette citation d’Yvonne-Edmond FOINANT (à l’origine de la création du réseau des Femmes Chefs d’Entreprise FCE), car à l’heure de la mondialisation et du développement Internet, il devient primordial de s’ouvrir aux autres, pour assurer la survie de nos entreprises, et l’ouverture s’appelle aujourd’hui LE RESEAU.
Les 3 axes de la démarche réseau
Dans le cadre de mes activités au sein de l’entreprise REXOR, j’ai été amenée à structurer un réseau permettant de répondre aux besoins de l’entreprise et à mes propres attentes, et avec le recul j’ai pu résumer cette structuration selon 3 axes :
- le réseau horizontal : les membres exercent la même fonction dans des domaines différents
- le réseau vertical : les membres sont des entreprises d’un même secteur
- le réseau transverse : membres hétérogènes qui se retrouvent autour d’un objectif commun.
Le réseau « horizontal »
Définition :
Un réseau dont les membres exercent la même fonction (ex : directeurs techniques, …) dans des domaines différents (papier, textile, films plastiques…).
Le principe :
Sans concurrence frontale entre adhérents, il permet les échanges d’informations (veille technologique), la mise en commun des idées (synergies entre les partenaires) voire la mutualisation des thématiques R&D (projet techniques montés en collaboration entre les adhérents).
Le réseau horizontal de Rexor : Métis
METIS : Cluster d’Innovation Recherche et Développement :
www.partenariat-metis.fr
Initié en Octobre 2004, METIS est un cluster d’Innovation regroupant des industriels partenaires issus des secteurs dits « traditionnels » du textile, du papier et du film plastique. Habitués à innover seuls, ils ont choisi de mettre en commun leurs efforts d’innovation pour accélérer leurs développements économiques. Ces entreprises mutualisent en partie leurs capacités de R&D et bénéficient ainsi d’un effet de levier. METIS entretient une collaboration privilégiée avec le CEA (Commissariat à l’Energie Atomique). Les collectivités locales et départementales, impliquées dès l’origine de METIS, soutiennent l’action au profit de l’ancrage territorial des entreprises.
L’intérêt :
L’absence de risque concurrentiel dans un réseau de type horizontal, permet en l’occurrence sur les aspects R&D, de mettre en place des partenariats et des collaborations de travail qui n’auraient pas été possibles dans un autre cadre. L’Innovation reste actuellement pour les entreprises françaises, le meilleur moyen de s’en sortir vis-à-vis d’une concurrence basée dans des pays à bas coûts. Or dans ce domaine, les entreprises adoptent plus souvent un positionnement basé sur le secret que sur l’ouverture et l’échange avec d’autres industriels.
Les résultats concrets de Métis :
• 2 projets initiés dans l’incubateur METIS en collaboration avec le laboratoire du CEA (Commissariat à l’Energie Atomique)
• 1 projet initié dans la démarche d’Innovation Inter Pôles entre METIS, le PIC (Pôle Innovations Constructives) et le Pil’es (Pôle d’Intelligence Logistique Europe du Sud).
• Un produit phare développé avec un autre membre (création de valeur). Un film au toucher « peau de pêche » avec effets visuels appelé « Soft Touch » a été mis au point par REXOR. Il constitue désormais le produit phare du plus grand groupe européen de papier de communication.
Le réseau « vertical »
Les membres :
Personnes ayant des fonctions différentes (ex : graveurs, imprimeurs, fournisseurs de machine, d’encres, …) dans un même domaine (l’impression héliogravure….).
Le principe :
Rassembler régulièrement tous les acteurs d’une même filière, afin de faciliter les échanges, les rencontres et la circulation d’informations.
Il faut prendre en compte la concurrence existant entre les membres. Le réseau vertical essaiera donc de résoudre des problématiques communes (réponse à des règlements type REACH sur l’utilisation des produits chimiques…..), mais il n’a pas vocation à monter des projets de collaboration techniques en amont.
L’intérêt :
- Obtenir des informations sur le cœur de business,
- Créer des partenariats entre les membres,
- Trouver des fournisseurs voire des clients,
- Promouvoir l’entreprise.
Le réseau vertical de Rexor :
Pro Hélio : Association pour la promotion de l’Héliogravure
Les résultats concrets :
- 1 trophée au dernier Prestige Hélio (rayonnement de l’entreprise, valorisation des produits).
- De nouveaux fournisseurs testés et validés.
- Des informations clés dans le cadre d’un investissement d’1.3 million d’euros. Rexor investit une nouvelle ligne d’enduction en 2010 avec une technologie sans solvant qui sera nouvelle pour l’entreprise. Les échanges que nous avons pu avoir avec d’autres enducteurs équipés, nous ont permis de faire rajouter des équipements complémentaires, qui n’avaient pas été proposés par les fournisseurs mais qui sont au demeurant impératifs.
Le réseau « transverse »
Définition :
Le réseau transverse peut prendre différentes formes, mais de façon générale, il s’agit d’une structure permettant d’accéder à des domaines variés, en dehors de votre cœur de métier. Les membres viennent en règle générale de secteur d’activités diverses et leur point commun est d’être dans une même région et d’avoir des objectifs partagés : l’envie de réseauter ou de progresser dans leur pratique du management, de l’organisation…
Le principe :
En général des réunions mensuelles, permettant d’aborder des thèmes généraux sur la communication, le management, l’organisation…
L’intérêt :
• Créer du relationnel en rencontrant des personnes pouvant avoir un éclairage différent du vôtre sur une situation donnée.
• Participer à des échanges de bonnes pratiques dans tous les domaines (techniques, organisationnels, managérial…).
• Etre informé sur les évolutions normatives, les méthodes de management…
• Valoriser l’entreprise en la promouvant.
• Et surtout du développement professionnel et personnel car on s’enrichit obligatoirement de tous ces échanges.
Mon réseau transverse :
Femmes Chefs d’Entreprises
Femmes Chefs d’Entreprises
www.fcefrance.fr
Quelques conseils pratiques avant de lancer sa stratégie réseau :
Un conseil à tous ceux qui souhaitent développer un réseau (TPE, PME, PMI), il est important :
- de définir au préalable, ses besoins et ses attentes (veilles documentaires pour connaître l’évolution des règlementations, échanges de bonnes pratiques en termes de management ou autre, mutualisation des activités de Recherche et Développement…)
- d’identifier les associations, les pôles, les structures…. susceptibles de répondre à ses besoins
- de s’investir
Quelque soit la forme que va prendre le développement de votre réseau, dans tous les cas, il s’agit toujours d’investissement personnel en terme de temps et d’apport au réseau.
Il est difficile de concevoir la notion de réseau sans la notion d’implication personnelle (qu’est ce que je suis prêt à faire pour participer, animer… faire vivre mon réseau ?).
En conclusion, je dirais que si vous êtes prêt à donner un peu, vous recevrez beaucoup.