Joe La Pompe est aussi devenu un héros de comics grâce au talentueux Nicolas Denis ©.
Avec Joe la Pompe, expert en publicité, créatif, blogueur, conférencier, consultant. Auteur de Copy Paste, aux éditions Maison Moderne.
Joe La Pompe a poussé le personal branding à son comble. Ce Zorro de la pub s’est fait un nom dans le monde entier en restant totalement anonyme. Décryptage.
Partir d’un concept simple et original.
PDR : Joe, comment vous est venue cette idée de traquer les plagiaires dans la pub et d’en faire des scoops dans la blogosphère ?
JLP : C’était il y a 17 ans déjà, je débutais dans la pub comme rédacteur. Quand on présentait nos idées aux directeurs de création, on les voyait souvent faire la moue et dire : « C’est pas mal votre truc, mais j’ai déjà vu ça quelque part… » , sans autre précision, évidemment. Ça m’a donné envie d’enquêter. Par la suite, j’ai découvert que des campagnes décrochaient des prix prestigieux alors que leurs créatifs avaient « pompé » l’idée dans des pubs antérieures parues dans d’autres pays. J’ai créé un blog pour rapprocher les copies des originaux. Ça a tout de suite fait du buzz dans le métier : Joe La Pompe était né.
Créer un personnage inoubliable.
PDR : Joe La Pompe, c’est un véritable personnage, reconnaissable au 1er coup d’œil. Comment vous y êtes-vous pris pour le créer ?
JLP : Tout d’abord, c’était indispensable. Il fallait que je préserve mon anonymat car je travaillais en agence et le blog provoquait souvent de fortes réactions. D’où le nom de Joe La Pompe. C’était une expression entre nous que j’ai donc officialisée. Cela suffisait au début car mon blog était suivi par des « happy few ». Mais le succès venant, j’ai été amené à intervenir en public. C’est là que j’ai imaginé ma tenue : la cagoule noire et le tee-shirt vert avec le logo du recyclage. Ça collait bien au concept et ça me permettait de dédicacer mon livre sans craindre les représailles. Le logo est venu conclure graphiquement la démarche.
Diversifier ses activités en utilisant le levier de la marque (et du masque).
Joe La Pompe est un conférencier apprécié dans les meilleures écoles de communication. Ses interventions se limitent à 3 heures (sa durée limite pour le port de la cagoule).
PDR : Comment avez-vous tiré des revenus de votre blog ?
JLP : Même s’il est très suivi aujourd’hui, cela reste un blog pour professionnel, donc à faibles revenus publicitaires. Par contre, grâce à cette vitrine, je suis devenu chroniqueur régulier dans plusieurs magazines. J’ai également développé une activité de conférencier, notamment auprès des écoles de graphisme, ou de marketing/pub. Je suis également consulté par les agences qui souhaitent s’assurer que les idées qu’elles vont présenter à un client ne se feront pas épingler par Joe La Pompe à leur sortie. En effet, on peut aussi plagier tout en étant de bonne foi.
Créer du contenu attractif et unique.
PDR : Est-ce que vous démarchez vos clients ou est-ce que ça rentre tout seul ?
JLP : Je ne fais pas de prospection commerciale. Je ne dirais pas pour autant que ça rentre tout seul car je suis très actif sur les réseaux sociaux : Facebook 35 000 fans, Twitter 20 000 followers, et Instagram depuis peu. Je relaye aussi sur LinkedIn, mais plutôt pour me faire repérer par de futurs clients. Rien qu’avec ça, j’ai du mal à répondre à toutes les demandes. Alors, pas besoin de faire de la pub pour mon activité.
PDR : Vous avez raison, mieux vaut éviter le risque de pomper sur quelqu’un d’autre à l’insu de votre plein gré…
PDR : Cela fait 17 ans que vous avez créé Joe La Pompe. Vous n’êtes pas lassé ? Vous comptez continuer longtemps comme ça?
JLP : Oui, parce que c’est une activité très variée qui me plaît, entre la veille documentaire, les interviews avec des journalistes du monde entier, les chroniques, les conférences… on ne s’ennuie pas. Et puis ça me plaît d’aller jusqu’au bout d’une idée.