Classer ses contacts, organiser sa démarche relationnelle, définir des objectifs… autant de méthodes qui ont fait leurs preuves pour développer son réseau. La serendipity, c’est tout le contraire ! C’est être ouvert pour saisir l’imprévu comme une opportunité. Et si le hasard faisait bien les choses ?
Frédéric Le Bihan
Consultant Formateur, architecte des idées et de l’information, créateur de la certification francophone en Carte Heuristique® et de l’Ecole Française de l’Heuristique®.
www.efh.fre tous.
La sérendipité, une ouverture d’esprit totale qui favorise les bonnes rencontres et les rend fructueuses
Imaginez, dans le bus, vous rencontrez par hasard un nouveau prospect. Lors d’une soirée organisée par un ami, vous rencontrez un spécialiste des web-conférences, sujet qui vous préoccupe tout particulièrement. Vous vous apercevez que votre voisine est conceptrice de site Internet et que justement vous souhaitiez refondre le vôtre…
Coup de bol dites-vous ? Sans doute, mais qu’est-ce que la chance sinon notre capacité à la favoriser ? Un état d’esprit propice à faire une rencontre imprévue, trouver une idée que l’on ne cherchait pas ou à découvrir « par hasard » la solution à un problème. C’est la sérendipité, « un état de l’être inconscient, de réceptivité totale et de confiance, de curiosité et de questionnement permanent » explique Frédéric Le Bihan.
Expérience vécue :
Ainsi lors d’une réunion de son réseau de formateurs, Frédéric Le Bihan évoque sa difficulté à manager le développeur et le graphiste travaillant à la construction de leur site web. Il s’agit d’une confidence. Il ne cherche pas de réponse concrète, pourtant l’un des membres du réseau intervient et explique qu’il a 15 ans de direction artistique de sites web à son actif et qu’il peut se charger facilement de cette tâche.
« Qui sait, explique Frédéric Le Bihan, si je n’avais pas posé simplement le problème sans rechercher à ce moment précis une solution pour notre site, peut-être que ce contact n’aurait jamais évoqué son expérience passée jusque là passée sous silence car la serendipité c’est aussi cela, accepter de se livrer, de se confier, d’évoquer un problème simple. Je pense à certains qui voudront toujours (se) donner l’impression que tout va bien, qui n’avoueront jamais connaitre des difficultés… »
En fait, c’est notre posture d’ouverture totale qui va provoquer chez l’autre, sans que nous nous en rendions compte, des réactions intéressantes pour nous. Nous allons pouvoir remarquer ou entendre ce que nous n’aurions pas compris autrement. Notre interlocuteur va alors rebondir sur un propos et nous suggérer une solution. En effet, rappelle le fondateur de l’Ecole Française de l’Heuristique®, « les bons contacts sont toujours là, simplement nous ne sommes pas toujours suffisamment ouvert ou à l’écoute pour les découvrir. La sérendipité, c’est justement ouvrir son esprit à tout ce qui nous entoure pour trouver les solutions, informations ou nouvelles rencontres qui peuvent nous aider à résoudre nos difficultés.»
Frédéric le Bihan décrypte pour nous cet « état de l’être » inconscient, à la portée de tous.
Mise en condition : les attitudes à privilégier pour réussir
Un état d’esprit qui implique :
- Confiance en soi
- Croyance dans ce qui peut arriver
- Confiance dans sa capacité à résoudre les difficultés
Pour y parvenir, 3 conseils-clés :
1- Lâcher prise
Évacuer les croyances limitantes du type :
« La chance, c’est toujours pour les autres. »
« C’était écrit, on ne peut rien y faire. »
Il s’agit plutôt ici de s’autoriser à penser « et si c’était possible ? ».
2- Se défaire de ses a priori
Adopter une attitude sérendipitante, c’est pour Frédéric Le Bihan, se défaire pour un temps donné d’une habitude pourtant courante en réseau, celle de classer ses contacts en fonction de nos objectifs à un instant T. En effet, complète-t-il, « on a tôt fait de réduire ses connaissances alors que celles-ci sont certainement riches de bien d’autres expériences, connaissances ou compétences difficiles à détecter si l’on ne dépasse pas notre intérêt premier à les rencontrer. »
3- Évoluer sans objectif défini
Écouter l’autre, c’est également ne pas chercher absolument la convergence d’intérêt commun. Laissez-vous aller au plaisir de « faire connaissance » et « le cerveau fera le reste » avance Frédéric Le Bihan qui se souvient du hasard de sa rencontre avec l’une de ses associés : l’une de ses étudiantes lui avait recommandé de rencontrer sa coach, simplement pour faire connaissance. Il la rencontre, sans chercher les connexions éventuelles. Au cours de la discussion, elle lui explique qu’elle travaille sur le développement de la démarche réseau.
Le soir-même, il reçoit l’appel d’un client qui lui demande de préparer une conférence sur ce thème.
« J’ai pu répondre immédiatement, grâce à cette rencontre inopinée. Mais peut-être ne m’aurait-t-elle jamais évoqué ce sujet de recherche si je n’avais pas été simplement à l’écoute, essentiellement pour la découvrir, sans instrumentaliser la rencontre au service d’un objectif précis. »
Sceptique ? Testez !
Mise en pratique : comment modifier et élargir son cadre de perception ?
Rien de tel qu’un changement de décor pour s’entraîner à concevoir les rencontres autrement et favoriser cet état de sérendipité.
Vous l’avez certainement déjà expérimenté : dans une situation inhabituelle, nous observons ce qui nous entoure avec une acuité nouvelle. Lors d’une visite dans un pays étranger par exemple.
4 exercices simples pour retrouver la posture de l’explorateur :
1- Essayez-vous à la rencontre sans objectif :
Dans votre quotidien, tentez de rencontrer au moins un contact avec qui vous ferez simplement connaissance.
2- Tentez ce que vous ne faites jamais :
• Changer de trajet pour rentrer chez soi et observer…
• Aller à une rencontre de networking consacrée à un thème qui a priori ne vous concerne en rien.
• Assister à concert ou une pièce de théâtre que vous n’iriez pas voir spontanément.
3- Adoptez de nouvelles pratiques :
• S’inscrire dans un club de sport jamais pratiqué.
• S’essayer au dessin, à la musique etc.
4- Revisitez le passé différemment :
Reprendre contact avec des anciens de votre école ou anciens collègues avec les quels vous n’avez, d’après vous, plus de point commun.
Dans tous les cas, suspendez votre jugement (sur vous, sur les autres), restez poreux à la situation, soyez présent et attentif à vos sens, vos émotions.
Enfin, méditez cette phrase de Louis Pasteur : « Le hasard favorise ceux qui s’y sont préparés ».