On a moins de 30 ans, on est des « digital natives ». L’évolution économique et sociale, le web et les réseaux sociaux ont façonné notre façon de travailler, d’échanger, de communiquer. Et si on réinventait ensemble les réseaux relationnels d’aujourd’hui et de demain?
Avec Marie Desplat et Florence Pinaud, auteurs de Manager la génération Y, Éditions Dunod.
La 1ère rencontre : sans langue de bois
Pas la peine d’échanger si c’est pour se dire des choses qu’on pourrait trouver en tapant sur Google. Une rencontre en mode Y se fait à bâtons rompus : Échangeons des informations concrètes et réalistes sur le métier, le marché, le produit.
« La génération du « tout, tout-de-suite » note Marie Desplats, a pris l’habitude d’avoir des réponses rapides et se lasse facilement des interlocuteurs qui traînent ».
Et comme les relations humaines sont déterminantes dans une relation professionnelle, chacun peut évoquer en confiance son vécu, ses expériences, ses interrogations, même ses difficultés. N’hésitez pas à fendre l’armure, à faire preuve de sincérité.
A retenir pour votre réseau :
Cela ne prend que quelques minutes pour savoir si le courant passe, alors pourquoi hésiter à se tutoyer tout de suite ?
Les relations : à organigramme plat
« Autre caractère générationnel, relève Florence Pinaud, Y ne prend pas l’ordre établi comme un fait inébranlable ». Oubliez les rapports d’autorité, les préséances liées à l’âge, ou au statut. Une des premières qualités dans la relation, c’est de se rendre accessible. La réactivité du web est passée par là rendant les connexions faciles à établir, y compris entre un grand patron et un jeune diplômé. A fortiori dans le cadre moins formel d’un réseau relationnel. Les Y garçons n’ont pas fait le service militaire et, poursuit Marie Desplats, « les petits chefs le fatiguent et il n’en comprend pas l’utilité pour se motiver. »
A retenir pour votre réseau :
Un projet à mettre en œuvre à plusieurs ? Le casting idéal, c’est celui où chacun a formulé lui-même sa mission. Une seule autorité : la compétence. L’organisation, les prises de responsabilités, les modes de décisions font aussi l’objet d’un travail d’équipe.
Les valeurs : du sens avant toutes choses.
En baisse : la valeur-travail. On s’est fait à l’idée que la retraite est un mode de vie en voie de disparition, qu’en conséquence, le travail, ok, c’est pour longtemps, mais ce n’est pas une fin en soi, ni le tout dans la vie. « Le travail, enchérit Florence Pinaud, devient l’un des éléments contributifs à l’épanouissement personnel ».
Les valeurs qui montent : l’innovation, le goût du challenge, du dépassement, l’empathie, la convivialité et, last but not least, le fun ! Pour qu’on s’implique, nous les Y, rien de mieux que de nous placer au cœur du réseau. On doit comprendre à quoi va servir notre contribution dans le système. Y se prononce « Why » en anglais, voilà un hasard qui a du sens.
A retenir pour votre réseau :
Donnez à vos contacts une vision globale sur les projets dans lesquels vous voulez les impliquer. Faites rêver sur ce que va générer votre collaboration. Donnez et fixez-vous des challenges. Par exemple : au lieu de convenir de partager une démarche de développement pour trouver de nouveaux clients, proposer de construire ensemble une offre de service totalement innovante qui va motiver vos prospects à vous rencontrer.
Le mode de travail : collaboratifs 2.0
Le web a travers les wiki montre là encore la voie vers une organisation plus collaborative. Un même travail, disons un dossier de réponse à un appel d’offres, peut se faire à 6, 8, 12 mains ou plus (pourvu que cela reste un nombre pair…). Dans un seul et même document partagé, chacun travaille sa partie tout en restant force de proposition sur les autres parties, dans une vision d’ensemble.
Bien sûr le virtuel ne suffit pas. Les réunions sont nécessaires, mais dans un format court, pas plus d’une heure, voire, si vous partagez des locaux, d’un quart d’heure en standing meetings comme dans les rédactions de journaux. Un modèle d’organisation inspiré du lean management et du Kaizen : éviter les pertes de temps inutiles et viser des progrès courts termes.
A retenir pour votre réseau :
Visez les modèles agiles d’organisation. Privilégiez tout ce qui peut se faire en mode collaboratif à distance et selon un temps choisi par chacun. Réservez les réunions pour la coordination, les décisions, les retours d’expérience. En particulier pour donner ou recevoir des strokes, positifs ou non. « Ce terme inventé par le psychiatre Éric Berne, explique Marie Desplats, signifie à la fois « caresse » et « coup de pied ». Des signes de reconnaissance dont nous les Y avons particulièrement besoin. « Pour Y, conclut Florence Pinaud, leur absence relève de l’indifférence.
En cas de conflit… La Communication non-violente.
Selon Marie Desplats, dans le conflit avec Y, laisser du temps au temps n’est pas une bonne idée. De manière générale, en mode Y, en toutes circonstances, on aime la réactivité et les réponses rapides. La meilleure façon de résoudre les difficultés, poursuit-elle, est d’adopter les conduites de la Communication Non Violente (CNV), mise au point par par le psychologue américain Marshall B. Rosenberg. Il s’agit de désamorcer le conflit en douceur par une série de questions qui ont pour but d’explorer les émotions et d’en obtenir une formulation fidèle.
A retenir pour votre réseau :
En cas de conflit, esquissez des solutions selon un plan en 4 étapes. Exemple :
- Observation : exposez les faits. « Au début de notre réunion, tu as… »
- Sentiments : émettez une hypothèse : « T’es-tu senti dépossédé du projet ? »
- Besoin : évaluez les besoins et motivations « Parce que tu veux… »
- Demande : proposez une action correctrice concrète : « Souhaites-tu que je/il fasse… »