Pour Pierre Desproges « On peut rire de tout, mais pas avec n’importe qui ». Et dans un réseau ? Découvrez comment faire rire pour dynamiser vos relations et rendre les échanges plus sincères et productifs.
Navré de démarrer un article sur l’art du joke par un triste constat : si dans leur grande majorité les Français ont envie de rire au travail, ils ne sont qu’une petite minorité à prendre l’initiative. Inhibitions ? Peur d’être mal considérés ? Volonté de garder le contrôle sur leur performance ? Toutes ces fausses bonnes raisons ont récemment été balayées par une étude Opinion Way (avril 2014). Celle-ci révèle que les gens drôles réussissent mieux leur carrière, qu’ils sont des acteurs importants et recherchés pour dynamiser l’esprit d’équipe et faire baisser le taux de stress au travail. Si l’humour n’est donc pas si mal vu dans les organisations, force est de constater qu’il en est relativement absent.
Un humour de réseau !
Alors, pourquoi ce manque d’humour au boulot? En entreprise, la hiérarchie représente l’écueil principal qui peine à en faire une mode de management.
Raison de plus pour se lâcher en réseau, dans un contexte moins formel, là où personne ne dirige, mais où tout le monde peut influencer. Redonnons donc au rire toute la place.
Le joke du réseauteur célèbre :
« Je ne saurais rester plus longtemps dans un club qui accepte des membres tels que moi ». Groucho Marx
Pour faire plus vite connaissance.
Il n y a pas de meilleur brise-glace qu’une bonne blague. Les conférenciers anglo-saxons ne s’y trompent pas et commencent systématiquement leurs interventions par un joke.
EXEMPLE LORS D’UN DÎNER DE NETWORKING.
« On doit bien être 50 dans ce resto ce soir, non ? Vous ne trouvez pas extraordinaire qu’on ait tous commandé la même chose ? »
EXEMPLE LORS D’UN TOUR DE TABLE OU D’UNE PRÉSENTATION FLASH DANS UN ÉVÉNEMENT-RÉSEAU :
« On m’a dit de faire court. Je vous promets d’être le plus bref possible… quel que soit le temps que ça prenne. »
Pour être avenant et vous rendre accessible.
Coupez court aux présentations trop pompeuses.
PAR EXEMPLE :
« J’ai eu un mauvais pressentiment quand il m’a dit qu’il commencerait par une blague et c’est alors qu’il m’a présenté à vous. »
Ou pour relativiser votre rôle, j’aime bien cette entrée en matière d’une amie formatrice à ses stagiaires: « Je suis formatrice parce que je ne sais rien faire d’autre ».
Pour créer de l’empathie entre les membres du groupe.
Mettre chacun à l’aise et donner envie de communiquer plus sincèrement font partie des bienfaits que nous attendons tous d’un réseau. Pour que ça marche, l’autodérision est un bon moyen de « fendre l’armure », d’aller plus loin que les échanges de circonstances.
PAR EXEMPLE, LORS D’UNE PREMIÈRE PRÉSENTATION :
« Vous savez, lorsque j’ai dit à ma femme que je venais ce soir, elle m’a dit, n’essaie pas de faire du charme ou de paraître intelligent… reste juste toi-même. »
Pour mettre tout le monde sur un pied d’égalité.
Au sein de votre réseau relationnel, chacun doit pouvoir s’exprimer et c’est précisément cette diversité qui fait la richesse et la productivité des échanges.
PAR EXEMPLE, LORSQUE VOUS INTERVENEZ EN CONFÉRENCE OU PRENEZ LA PAROLE DANS UN GROUPE SUR UN SUJET QUE VOUS ÊTES CENSÉ MAÎTRISER :
« C’est drôle, en arrivant, je me suis dit qu’on avait tous un gros point commun : personne d’entre nous ne sait ce que je vais dire ! »
Ou bien lorsque vous devez intervenir après avoir été présenté longuement et de façon trop protocolaire :
« Après une introduction pareille, ou vous vous êtes trompé d’intervenant ou c’est moi qui je me suis trompé de public ! »
Pour aborder les difficultés professionnelles.
Quand on traverse une situation professionnelle difficile, il n’est pas toujours simple de parler aux autres de ce qui ne va pas. Et pourtant, c’est une des principales vocations d’un réseau relationnel. Partager entre pairs autour de problèmes concrets et se mettre à plusieurs pour trouver des solutions.
PAR EXEMPLE, POUR RÉFLÉCHIR SUR LES MOYENS D’AMÉLIORER VOTRE OFFRE :
« Moi aussi il m’est déjà arrivé de faire une reco à ce client. Il m’a félicité. Il la trouvait à la fois très bonne et originale. Malheureusement les parties originales n’étaient pas bonnes et les bonnes parties n’étaient pas originales. »
Pour surmonter un moment décevant.
La rencontre que vous avez organisée ne tient pas toutes ses promesses. De nombreux invités ne sont pas venus. C’est dommage, et en même temps, cela ne donne que plus de valeur à ceux qui sont présents. Dans ces cas-là (qui restent rares heureusement) j’aime citer Orson Welles. Perdu dans un ciné-club danois devant une audience d’une demi-douzaine d’amateurs, il avait eu cette phrase pour se présenter :
« Bonjour, je suis Orson Welles, journaliste, écrivain, metteur en scène de radio, réalisateur de films, acteur, peintre, poète… je regrette que vous soyez si peu et d’être moi-même si nombreux ce soir. »
Pour remercier.
Vous avez fait quelque chose de remarquable. Quelqu’un vous félicite. Réfléchissez bien. Combien de fois avez-vous accepté un compliment sans réserve. On entend plutôt des dénégations, du type « oh, vraiment ? Ce n’est pas grand-chose » ou « ça aurait pu être tellement mieux si… », etc. Bref on en rajoute dans la modestie, voire le dénigrement. Avec de l’humour, vous pouvez enfin vous tresser quelques lauriers.
PAR EXEMPLE :
« Vous êtes vraiment trop indulgent et surtout vous avez très bon goût ! »
Une dernière recommandation :
Les situations ne manquent pas de pratiquer l’art du joke en réseau. Vous trouverez bien d’autres situations où l’humour peut sauver la mise. Une précaution à prendre toutefois. La meilleure façon de mettre une bonne ambiance en réseau, c’est de NE PAS commencer par un trait d’humour. Préserver le temps d’un premier contact, une sorte de « poignée de main verbale ». Dites bonjour évidemment et cherchez d’abord quelques liens communs avec votre contact ou votre audience. Un préalable indispensable pour sentir si la relation est propice à la plaisanterie. Et si une histoire, une citation humoristique ou une répartie vous viennent, elles n’en seront que mieux accueillies.