Quels que soient votre profil et vos qualités, réseauter suppose de se familiariser avec des comportements nouveaux et des bonnes pratiques que l’on sent plus ou moins. Pour cela, nous avons tous sans exception le même travail sur soi à effectuer, à savoir sortir de notre zone de confort…
Extrait de Comment développer votre activité avec votre réseau relationnel Méthodes, outils et attitudes pour réussir en toutes situations De Alain Bosetti et Mark Lahore – Editions Dunod – Octobre 2012.
Qu’est ce que votre zone de confort ?
Imaginez-vous dans la jungle. À force de combativité, d’énergie, de patience et avec l’aide de quelques proches, vous avez réussi à créer un camp de base dans lequel vous vous sentez à l’abri des hostilités de l’environnement extérieur. Plus votre camp contient l’essentiel de ce dont vous avez besoin, plus vous en connaissez les composantes et en maîtrisez les activités et plus vous êtes tenté de vous y installer durablement. Dès lors, tout ce qui peut se passer derrière les remparts paraît encore plus redoutable, inaccessible ou simplement sans attraits.
Témoin :
François Bergerault, fondateur de l’Atelier des Chefs, leader français des cours de cuisine.
Osez demander. En devenant entrepreneur, j’ai remarqué que mon initiative donnait envie à beaucoup de gens de m’aider. Sans doute parce qu’eux-mêmes y avaient déjà songé. Alors, au milieu des épreuves que l’on traverse à la création d’une entreprise, s’il y a un effet « good will », pourquoi ne pas en profiter ? Bien souvent les opportunités viennent là où on ne les attend le moins. Je me souviens qu’à 26 ans je cherchais à lever de l’argent pour la première fois. Une nuit en boîte, je tombe sur un copain de mon frère. J’avais dû le croiser une fois 10 ans plus tôt. Je lui parle naturellement de ce que je veux faire. Il m’apprend qu’il travaille dans une banque américaine et me déclare que non seulement mon projet l’intéresse, mais qu’il est prêt à y investir personnellement 10 000€. En participant au Salon SME (ex Salon des micro-entreprises), en reprenant l’Association des anciens de mon écoles, je passe moi-même beaucoup de temps avec de futurs entrepreneurs parce que je considère que c’est mon rôle de les aider et qu’à leur contact, je trouve toujours de nouvelles idées.
Pourquoi en sortir ?
Parce qu’oser se frotter à l’inconnu, à l’étranger, prendre des risques est à la base de tous les apprentissages. Parce que sans nouveaux apprentissages, il n’y a pas de progrès possible. Parce que ne pas progresser, c’est devenir prisonnier de ses propres limites et donc se fragiliser, se soumettre à un autre risque, plus pernicieux car moins visible mais pas moins dangereux : celui de l’inadaptation au monde qui poursuit ses évolutions. Parce qu’en étant ainsi dépassé, on est d’autant plus exposé à des changements que l’on n’aurait ni prévus ni voulus et qui en deviennent d’autant plus déstabilisants.
Osez le réseau !
Le networking est par excellence le terrain de jeu idéal pour oser sortir de votre zone de confort et gagner en confiance (la vôtre et celle que vous allez inspirer aux autres) parce qu’en tant qu’activité sociale établie, il définit les règles et les conduites qui permettent à chacun de progresser. La règle et la conduite essentielle pouvant se résumer dans cette simple clé :
À chaque nouvelle rencontre, chercher et trouver avec votre interlocuteur au moins un point commun qui vous rassemble pour passer ainsi du face à face à une vision partagée sur laquelle ensemble initier une relation, dégager un objectif commun, engager une action.
Avis d’expert :
Q : Peut-on sortir de sa zone de confort de façon progressive ?
Arnaud de Staël, hypnothérapeute et coach, fondateur d’Autrement Dires.
« Effectivement, vouloir sortir de sa zone de confort est une très bonne chose ET cela ne doit jamais se transformer en compétition contre soi-même. Cela aboutit souvent à se mettre “trop de pression” avec, comme fil rouge, la volonté d’accomplir en permanence des prouesses. De manière presque automatique cette attitude négative vous met en situation d’échec.
L’objectif étant de progresser, accompagnez-vous (comme un coach intérieur) à chaque pas hors de votre zone de confort ET avec douceur. Ainsi, soit vous “récoltez” un succès qui vous encourage à progresser, soit vous vous plantez … ET c’est un point de passage pour un succès imminent OU soyez curieux de voir ce qu’il en advient. Finalement, je pourrais vous dire “osez à votre mesure”, c’est-à-dire graduez votre progression et soyez réaliste dans vos tentatives. »
La politique des petits pas
Sortir de sa zone de confort, ne signifie pas prendre tous les risques d’un coup. Vous pouvez très finement doser votre progression en fonction de votre interlocuteur et du contexte de votre échange.
Prenons pour exemple le cas concret d’une mise en relation :
Vous savez qu’un de vos contacts connaît dans son réseau un membre important pour vous, que vous cherchez à rencontrer, mais que vous ne pouvez pas contacter directement.
En fonction des circonstances et des interlocuteurs, vous avez plusieurs façons plus ou moins implicantes de sortir de votre zone de confort. À vous de situer sur cette échelle de risques, le niveau atteignable sur lequel vous allez vous appuyer pour atteindre votre objectif…
Quatre clés pour desserrer les principaux blocages.
Quelques exercices simples peuvent vous sortir de vos croyances limitantes. Selon la légende, le baron de Münschausen, en se tirant par les cheveux, s’est bien sauvé de la noyade, lui et son cheval !
Exercice #1 : la visualisation analogique.
Situation de blocage :
Vous retrouver au milieu d’une foule d’inconnus vous paralyse.
Solution :
Associez une situation difficile à une autre comparable, mais qui vous est simple à résoudre. Cette technique de visualisation est très employée par les sportifs de haut niveau. Un exemple de situation similaire : lorsque vous rencontrez un particulier qui vend par les petites-annonces. C’est simple : vous vous intéressez à son offre et il répond volontiers à vos questions. L’entretien sera forcément positif, même si vous ne faites pas affaire dans l’immédiat.
Application :
Lors de votre événement réseau, à votre arrivée, associez mentalement ces deux situations. Dites-vous, « Ce soir, j’ai rendez-vous avec des particuliers de petites-annonces qui cherchent tous un acquéreur et attendent ma venue ».
Exercice #2 : la personne-ressource.
Situation de blocage :
Dans un événement de networking vous restez invariablement dans votre coin en espérant qu’une âme secourable viendra à votre rencontre.
Solution :
Obtenez le soutien d’un proche pour vous encourager et vous guider dans l’action. Exemple : un proche vous accompagne et tout en participant aux échanges, il a pour mission de vous aiguiller au sein des groupes et de vous observer.
Application :
Après l’événement, il partage avec vous ses observations sur votre comportement, votre manière de réseauter et tout ce qui vous a échappé au cours des rencontres.
Exercice #3 : Les situations sans enjeu.
Situation de blocage :
Demander quelque chose vous paralyse. Vous redoutez de passer pour quelqu’un d’intéressé.
Solution :
Entraînez-vous quotidiennement à aller à la rencontre des autres, d’échanger ne serait-ce que quelques mots avec des inconnus. Avec vos voisins, dans le bus, dans la rue ou les ascenseurs, pratiquez ce que les Américains appellent les « small talks ». Apprécier la convivialité que vous êtes capable de générer. Ou encore, chez votre boulanger, n’hésitez pas à préférer un autre croissant que celui qu’il s’apprêtait à vous donner.
Application :
Vous pourrez peu à peu reproduire ces comportements dans des contextes plus difficiles.
Exercice #4 : L’anti-routine.
Situation de blocage :
Impossible de prendre une initiative hors du cadre strict de vos habitudes.
Solution :
Introduisez dans le cours habituel de votre journée de légers changements. Ces sortes de récréations vous ouvrent de nouvelles perspectives.
Applications :
- Changez de trajet pour aller au bureau.
- Programmez des séances de travail dans les cafés, les jardins publics.
- Rejoignez votre club de sport à une heure inhabituelle.
- Invitez un bon client à une exposition plutôt qu’au traditionnel repas au restaurant.
Ces exercices faciles à réaliser au quotidien n’ont rien de radical. Il ne s’agit pas d’être à jamais banni de votre zone de confort, vous en avez besoin, mais peu à peu d’en assouplir et repousser les limites par de nouveaux apprentissages. En prenant de l’assurance, vous pourrez plus spontanément effectuer des « sorties » profitables qui enrichiront votre relationnel.