Faire partie d’un réseau, c’est un plus pour tous les membres. Mais ils sont nombreux à ne pas vouloir y consacrer beaucoup de temps. Pour vos prochaines animations, comment faire pour que ce ne soient pas toujours les mêmes qui s’y collent ? Des animateurs nous livrent les astuces qui ont fait leurs preuves.
1. Créez votre jeu de rôles pour répartir les missions
Au sein du réseau des Free-cot, un groupe de freelances, les membres participent à l’organisation des réunions à tour de rôle. À l’issue de chaque rencontre mensuelle, les participants tirent au sort les cartes d’un jeu comprenant chacune une tâche pour la prochaine rencontre.
Exemples de cartes :
- « Je choisis le lieu de notre prochaine rencontre. »
- « I like » : le joueur doit sélectionner une idée, une trouvaille qu’il souhaite partager avec les autres pour faire avancer la discussion en cours.
- « J’organise la rencontre » : le joueur fixe la date et en informe les autres.
- « Joker »…
- Etc.
« Un tel système crée beaucoup de convivialité. Lorsque les membres ne se connaissent pas encore très bien, cela met tout de suite à l’aise précise Marie-Alice Boyé, consultante en communication et animatrice du réseau. Pour les timides, c’est l’occasion d’oser participer sans effort ! Et pour ceux qui n’aideraient pas naturellement, impossible de se dérober ! »
Mise en pratique :
En fonction de la taille et de l’organisation de votre réseau, vous pouvez facilement créer un tel jeu avec vos membres. Listez les « tâches » récurrentes qui peuvent être facilement partagées et formalisez-les sous forme de cartes à jouer. Certaines pourront aussi comprendre des recherches ou missions moins pratiques mais tout aussi utiles. Ainsi le jeu des Free-cot comporte une carte « Mes amis les free ». Le joueur détenteur de la carte invite un freelance extérieur au réseau pour une participation à une réunion. Une méthode simple pour recruter de nouveaux membres !
2. Proposez des responsabilités à durée limitée
Au Centre des Jeunes Dirigeants (CJD), les responsabilités sont réparties équitablement entre membres. Président ou simple secrétaire, dans tous les cas, la fonction est limitée à deux ans d’exercice. Pour Philippe Brémond, ancien Président de la section Cholet du CJD « la prise de responsabilité semble plus facile lorsqu’elle est limitée dans le temps, on sait que c’est un challenge dont on voit la fin. »
Un principe appliqué dans la totalité du réseau, du bureau national aux plus petites sections. « Ce turn-over évite les directions installées pour de nombreuses années, comme cela arrive fréquemment dans le monde associatif. Au contraire, les membres se sentent directement impliqués dans la vie du groupe. »
Des valeurs propices à la participation collective :
Tout groupe CJD est apolitique et égalitaire. « Il n’y a pas de jugements de valeur entre les membres, que l’on soit cadre d’une entreprise de 150 personnes ou artisan à la tête d’une équipe de 4 salariés, tout le monde peut librement s’exprimer ! » De là, à s’y investir, il n’y a qu’un pas…
Mise en pratique :
Que ce soit pour deux ans ou beaucoup moins, proposez systématiquement une échéance lorsqu’un membre réalise une mission au sein du groupe (gestion d’agenda, comptabilité, secrétariat…).
3. Faites appel à l’expertise de vos membres
Pour Marie-Josèphe Nuel, co-fondatrice de la Chambre Départementale des Auto-entrepreneurs du Bas-Rhin, impossible de forcer la main à des bénévoles. « Il faut respecter les rythmes de chacun et ne pas s’imposer en tant qu’animateur. » Surtout s’il s’agit de demander à vos membres de vous accorder un temps qui leur est toujours très précieux.
Il est plus facile de solliciter des contributions correspondant à leur domaine de compétences. Car ce qui peut vous prendre un temps conséquent sera bien plus rapide pour le spécialiste ! Des blogueurs membres de la Chambre Départementale des auto-entrepreneurs ont ainsi pu aider le réseau à se faire connaître en relayant son actualité sur le web. « Cela nous a été très utile et c’était facile pour eux qui maîtrisent parfaitement les outils de communication Internet ! » conclut Marie-Josèphe Nuel.
Mise en pratique :
Une telle stratégie suppose de connaître parfaitement les spécialités de vos membres. Un annuaire partagé peut vous aider à bien maîtriser toutes les compétences que recèle votre réseau !
4. Valorisez vos membres actifs
Après quelques mois d’activité de votre groupe ou réseau, vous repérerez facilement les membres les plus motivés et intéressés par votre activité collective. Ce sont ces membres bien sûr qui seront les premiers à bien vouloir contribuer à l’organisation du groupe.
Ainsi Dominique Dufour animateur du Café des freelances et auteur du blog du freelance propose régulièrement sur leur site des interviews ou articles consacrés aux membres les plus actifs. Il présente leur entreprise et met en avant leur expertise. « Un animateur pense toujours en priorité à l’intérêt de ses membres, dès que c’est possible, je les mets en relation, partage des informations… À leur tour, ils vont jouer le jeu et créer de l’échange avec les autres membres. »
C’est ce qui se passe pour la recherche de lieux de rendez-vous pour leur réunion mensuelle.
Dorénavant ce sont les membres qui proposent des adresses ou leurs propres locaux !
Mise en pratique :
Remerciez au sein du réseau les membres actifs qui vous aident régulièrement. Cette mise en avant incitera les autres à faire de même.
Remerciements dans votre newsletter, dans un encadré sur le site du réseau ou à l’oral lors de votre assemblée générale.
5. Agissez en animateur neutre
Le Pôle Industriel Cœur de France (PICF), un réseau de PME de mécanique industrielle, a vu le jour pour aider des entreprises très dépendantes des donneurs d’ordres à rester compétitives. À la base de ce groupement un principe simple : pour que l’action collective soit efficace, les entreprises doivent elles-mêmes la prendre en main et non pas laisser la CCI du Cher, instigatrice du groupement, créer et animer le réseau.
« Toutes les actions collectives sont décidées par les membres eux-mêmes insiste Coralie Outreville, animatrice du PICF. En tant qu’animatrice, je ne fais que guider leur réflexion et en aucun cas je me permets de donner un avis ou de prendre une décision à leur place ! » Dès lors, les membres sont bien plus réactifs dans la préparation des actions et leur mise en œuvre.
Une écoute attentive pour détecter les dysfonctionnements
Pour l’animatrice, la participation des uns et des autres suppose également une entente et une coordination sans faille entre membres. C’est pourquoi elle veille à régler toute difficulté le plus rapidement possible. Quand les membres du groupe « machines spéciales » du PICF commencent à se désengager, elle cherche tout de suite à comprendre la difficulté. « Il s’agissait d’une simple incompréhension entre quelques-uns lors d’un envoi d’e-mail ! J’ai discuté avec tous les membres concernés et imposé une concertation le plus vite possible. Sans quoi, nombre d’entre eux auraient baissé les bras ! »
Mise en pratique :
Si vous n’avez pas la possibilité d’observer et de suivre tous vos membres régulièrement, instaurez des sondages réguliers ou questionnaires de satisfaction qui vous permettront de détecter rapidement les découragements éventuels et conserver une motivation de tous intacte !
6. Soyez le messager de votre organisation
Pour Franck Fiszel intervenant spécialiste du réseau relationnel et membre actif de nombreux réseaux formels, un animateur peut facilement inciter ses membres à le relayer dans de multiples tâches : « À une seule condition, précise-t-il, il doit livrer suffisamment d’information pour que les membres sachent quoi faire ! » Sans allusions ou informations précises, certains membres, personnalités réservées ou membres tout récemment arrivés, auront tendance à se laisser porter par une organisation qui semble « fonctionner d’elle-même ».
Mise en pratique :
- Réservez 10 minutes à la fin d’une rencontre pour évoquer la prochaine. C’est l’occasion de lister ce qu’il reste à faire pour que tout se passe bien. Si vos membres sont satisfaits de leur participation, nul doute que parmi eux, des motivés se proposeront pour vous aider.
- En début d’année, lors de l’assemblée générale ou de votre réunion de lancement, programmez une heure de discussion « vie du réseau ». Vous pouvez à cette occasion rappeler l’importance du jeu collectif et responsabiliser vos membres.
Exemples :
suivi de l’agenda partagé du groupe, engagement à inviter 3 entrepreneurs à rejoindre le groupe pour une séance dans l’année …
7. Demandez clairement de l’aide !
Animateur, créateur de communauté en ligne ou président d’association, vous ne pouvez évidemment pas tout faire seul ! Au sein du Réseau Entreprendre au Féminin Poitou-Charentes, les demandes d’aides se font simplement : un questionnaire est mis à la disposition des nouveaux membres qui souhaiteraient donner un coup de main et s’investir dans le réseau. Chaque nouveau membre le reçoit après avoir renseigné un premier document indiquant ses attentes en rejoignant le réseau.
Le document décrit précisément l’organisation du réseau sur tout le Poitou-Charentes et comment rejoindre l’une ou l’autre des commissions (création et reprise d’entreprise ; partenariat-groupement-achat ; organisation des rencontres…). « L’organisation est extrêmement transparente indique Cécile Cantin-Duport, chargée de communication du réseau, et immédiatement placée sous le signe de la convivialité, cela donne envie de participer ! »
D’ailleurs, toutes les adhérentes ont adopté la simplicité d’organisation du groupe. Les informations se partagent par e-mails en continu, quelle que soit la fonction des unes ou des autres au sein du groupe : « dans la plupart des cas, la question d’une membre reçoit une réponse dans les 24h, très souvent dans l’heure ! »
Mise en pratique :
Si vous n’en avez pas déjà, créez une liste de diffusion par e-mail ou un forum privatif en ligne où tous les membres pourront échanger et prendre d’eux-mêmes le réflexe de créer eux-mêmes les relations et les coups de mains !
Toute l’équipe de Place des réseaux remercie pour leur participation active à la lettre :
- Marie-Alice Boyé, Expert e-Marketing
- Cécile Cantin-Duport, Chargée de communication – Entreprendre au Féminin Poitou Charentes
- Philippe Brémond, gérant du Fleuron des Mauges et ancien dirigeant du CJG Cholet
- Dominique Dufour, constructeur de communauté, journaliste, entrepreneur et formateur et auteur du blog du freelance
- Franck Fiszel, Fondateur de Coach Europ et intervenant spécialiste du réseau relationnel
- Marie-Josèphe Nuel, co-fondatrice de la Chambre Départementale des Auto-entrepreneurs du Bas-Rhin